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Une sélection commentée de livres jeunesse s'intéressant aux relations humain/animal.

 

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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 16:54

Alouette

Écrit et illustré par Martine Bourre

Aux éditions Didier Jeunesse, collection Pirouette, 2014

Prix : 11,50 euros

A partir de 3 ans

 

Alouette, gentille alouette... Dès les première notes chacun se remémore la comptine. Mais attention, Martine Bourre va bousculer quelque peu nos souvenirs avec cette version très personnelle de ce qui attend cet oiseau, bien trop « gentil » selon elle pour être plumé et mangé. Car l'habile et sensible artiste préfère bien évidemment, sous les traits d'une petite dessinatrice en papier découpé, le croquer du bout de ses pinceaux. C'est ainsi que s'élabore peu à peu son portrait, la tête, et les yeux, et le bec (et le bec)... jusqu'à ce qu'il soit prêt à s'envoler vers le ciel.

 

Tandis que sur la page de gauche un chœur d'oiseaux hétéroclite et joyeux entonne la chanson qui donne vie à l'alouette, sur la page de droite, une petite fille sur fond jaune soleil manie crayon et pinceaux, ajoutant un à un les éléments de son corps. Par contraste, la mise à mort de l'oiseau, anodine dans le texte original, apparaît soudain, sous l'air guilleret qui l'accompagne, comme une cruauté gratuite et banalisée, que l'on enseigne pourtant innocemment aux enfants. Martine Bourre s'en est émue, et on peut la comprendre. Elle précise, sur la dernière page : « En France, l'alouette est une espèce chassée. On estime que 1,3 millions d'alouettes sont tuées chaque année. L'oiseau est pris vivant dans des pièges grillagés ou au filet. On le fusille aussi en l'attirant avec un leurre tournoyant : le « miroir aux alouettes ». La population de ces petits oiseaux est en baisse continue en Europe occidentale de puis 1970. » Alouette, gentille alouette...

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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 10:05

couv barbapapa

Ecrit et illustré par Annette Tison et Talus Taylor

Aux éditions Les livres du Dragon d'Or, 2003

Prix : 9,95 euros

A partir de 3 ans

 

 

On ne présente plus les Barbapapa, cette sympathique famille de personnages rondouillards capables de prendre diverses formes au gré de leurs aventures. Animés de bonne volonté, ils sont toujours prêts à rendre service. On ne sera dons pas étonnés de les voir ici se dévouer pour la cause des animaux, qui ne savent plus comment échapper aux malheurs dont les accablent les humains, responsables de la dégradation de la planète qu'ils partagent, à leur détriment, avec eux. La solution ? Construire une arche et partir pour un monde plus accueillant... jusqu'à ce que les fautifs se rendent compte du vide laissé par l'absence des exilés et réparent les dégâts commis, afin qu'ils puissent revenir auprès d'eux.

 

C'est en revisitant le mythe ancestral de l'arche de Noë, devenu dans ce monde moderne, une fusée, que les Barbapapa initient les tout-petits à la protection animale. Avec une inventivité et un humour qui traversent les générations, ils jouent à la perfection leur rôle de redresseurs de tord, déjouant ingénieusement les plans des malfaisants. Les enfants se rangeront forcément de leur côté, d'autant que la fin optimiste leur montre le chemin d'une réconciliation possible. C'est aussi un moyen pour les plus jeunes de commencer à appréhender la place de chacun dans un vaste monde fait de multiples interactions où eux aussi ont une part de responsabilité à assumer. Mais fusée, arche ou refuge peuvent-ils constituer une solution durable, soutenue par quelques uns seulement, sans un changement général de comportements ? Alors quels pouvoirs extraordinaires devrons-nous déployer pour offrir aux enfants un avenir aussi engageant que celui que leur réservent les invincibles Barbapapa ?

 

 

 

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25 mai 2014 7 25 /05 /mai /2014 12:11

couv tigre

Écrit par Stéphane Servant

Illustré par Antoine Déprez   

Aux éditions Bilboquet, (les messagers Bilboquets), 2011

Prix : 14, 50 euros

A partir de 4 ans

 

Un tigre prend la parole pour raconter comment, né libre dans la nature, il fut capturé et envoyé dans un cirque. Enfermé dans une cage, dépossédé de son identité d'animal pour devenir « le sauvage », il ne peut cependant se plier aux exigences du directeur. Conservant son indépendance d'esprit et cultivant son goût pour la musique, symbole de nature et de liberté, il parvient, avec à la complicité d'un petit clown, à entraîner tous les autres animaux captifs à sa suite. Ensemble, ils laissent loin derrière eux les barreaux, les cages et les pistes de cirque, se dirigeant vers un pays où ils pourront enfin redevenir eux-mêmes.

 

Le malheur qui s'abat sur ce tigre de cirque saisit le lecteur lorsqu'il tourne la première page du livre, tout illuminée de soleil et de grands espaces et se trouve face au regard de l'animal, plongé dans l'obscurité et l'angoisse. Les situations qui suivent montrent combien est ridicule cette idée d'attirer un public par l'image caricaturale de l'animal féroce soumis aux caprices et à la vanité de quelques humains. « Je suis né tigre » est un titre fort bien choisit car il fait référence à la nature originelle de l'animal qui disparaît lorsqu'il est enfermé. Qu'en reste-t-il à montrer aux curieux ? Un être capable d'exécuter des numéros invraisemblables, passant sa vie dans les quelques mètres carrés d'une cage lui interdisant tout comportement répondant à ses besoins ? Il y a certes encore des amateurs pour ce genre de prétendu « spectacle », mais savent-ils réellement ce qu'ils cherchent à voir ? Un documentaire de qualité, soigneusement réalisé et mis à leur disposition par des moyens techniques modernes sera sans aucun doute plus fidèle à la promesse de leur montrer un animal « sauvage » qu'une remorque grillagée et quelques tours de piste sous la domination incongrue d'un homme en représentation. Le petit clown de l'histoire, « celui qui prenait toujours toutes les claques » est le personnage hors normes, l'esprit libre et frondeur qui transforme les rêves en réalités  et parle au cœur des enfants pour qu'ils ne soient plus les spectateurs, eux aussi captifs, d'une attraction qui ne fait pas honneur à la dignité des arts du cirque.

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10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 18:31

 

couv l'oiseau

 

Ecrit par Ingrid Chabbert

 

Illustré par Sabine Cazassus  

 

Aux éditions Petite Plume de carotte, 2012

 

Prix : 12 euros           

 

 

 

 

 

Placé sous le signe de la tendresse, ce joli album à la fraîcheur pastel acidulée raconte, dans un langage simple et touchant, l'histoire d'une belle amitié entre un oiseau sauvage et un enfant séjournant chez ses grands parents. En explorant un petit bout de forêt tout proche grand comme un mouchoir de poche, le jeune humain a peu à peu tissé des liens avec son compagnon à plumes. Partageant jeux et confidences, les deux amis ne voient pas le temps passer. Mais bientôt arrive la saison des migrations : pour l'oiseau, le moment du départ, pour l'enfant, celui de l'attente. Et quand la petite forêt retrouve enfin ses couleurs, le bonheur prend la forme des retrouvailles tant espérées entre ces deux êtres faits pour s'entendre.

 

 

 

Il y a toujours un peu de magie dans les relations de confiance que parviennent à nouer les humains avec les animaux, de celle qui charme tellement les enfants. Elle opère particulièrement dans cette histoire conçue à l'échelle d'un petit garçon pour qui le monde a les dimensions de son environnement immédiat. Par sa proximité avec cet animal libre qui choisit de l'aimer, il entre dans l'immensité du monde que doit parcourir l'oiseau migrateur et apprivoise avec lui la longueur du temps de l'attente. Mais cette belle expérience n'est possible que grâce à l'approche prudente et respectueuse du petit homme dans lequel l'animal ne reconnaît aucun danger potentiel. C'est sans doute là que réside la vraie magie, dans cette transformation du plus craint et du plus redoutable de tous les prédateurs pour tous les animaux en un allié fiable et apprécié. Bien des enfants poursuivent toujours ce rêve...

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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 20:48

couv baleine

Écrit par Paloma Sanchez Ibarzabal

Traduit de l'espagnol par Laurence Guillas

Illustré par Iban Barrenetxea

Edité par Oqo éditions, 2011

A partir de 10 ans

15 euros

 

 

Les jours et les nuits se succèdent, les saisons passent et seul sur son bateau, le harpon au poing, un homme poursuit infatigablement une baleine. Les vagues sont un flot de feuilles, qui se mue en un champ de tournesols et d'étoiles. La baleine se laisse deviner dans la forme de l'aiguille d'une boussole, les astres prennent figure humaine, les instruments que manipule le chasseur changent d'échelle. La vérité semble aussi insaisissable que les sensations fugaces d'un rêve, et pourtant les les scènes se succèdent selon une évidente logique qui mène l'aventure à sa conclusion. Le poing reste en suspension, le harpon s'efface, le bateau sombre, remplacé par le dos lumineux d'un animal connu pour ses chants mélodieux qui éveillent une étrange émotion dans le cœur des hommes.

 

Même si des références littéraires telles que Moby Dick peuvent venir à l'esprit à la lecture de cet album, elles ne sont pas indispensables pour en apprécier la teneur poétique et philosophique. L'influence surréaliste très nettement perceptible de ses illustrations pleine page sont une invitation à percer le mystère qui motive la quête véritable du chasseur (comme la plupart de ses semblables désormais, il n'est bien sûr pas poussé par la nécessité de se nourrir). Petit homme démuni sur un bateau à peine plus gros que lui, confronté à l'immensité de l'univers inaccessible, il ne pense qu'à sauver sa peau en trouant celle de la baleine, du monstre. L'animal, aussi immense et effrayant que ce qu'il ne peut concevoir, est en revanche à sa portée. Il suffirait de se confronter à lui et de le détruire pour vaincre sa frayeur existentielle. « Lui est plus fort que la baleine, il veut juste s'en assurer ». Et donc, se rassurer... « Il rêve qu'il enfonce son harpon dans ce monstre et traîne son énorme corps derrière le petit bateau ». S'en emparer pour se constituer... Mais voici que l'univers lui fait un clin d’œil solaire dans le regard de la baleine  lui révélant ainsi une autre façon de trouver place et sens dans l'immensité. Après la surprise d'avoir découvert dans le présumé monstre un être vivant dont les multiples cicatrices racontent une histoire comparable à la sienne, il s'étonne et s'émeut de se sentir son égal et de trouver dans leur entente nouvelle un accès inespéré au mystère qui les entoure. Alors : à bon chasseur, salut !

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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 20:36

couv chouette de vie

Écrit et illustré par Christian Voltz

Aux éditions du Rouergue, 2013

Prix : 12,50

A partir de 6 ans

 

Il y a toujours des merveilles à récupérer dans les fonds de tiroirs de Christian Voltz. Une fois de plus, en assemblant un improbable bric-à-brac de petits riens, le « bricolauteur » prodigieux obtient une véritable histoire, en relevant un nouveau défi : il s'agit cette fois d'assembler aussi des expressions communes de notre langue à base de noms d'animaux. Et c'est ainsi qu'un ouvrier, brisant la chaîne de sa chienne de vie, retrouve le sourire grâce à la ténacité d'un petit corniaud courageux qui met en déroute ses agresseurs et guide ses pas vers une chouette rencontre.

 

A défaut d'être présents dans notre vie de plus en plus citadine, les animaux le sont toujours dans notre imaginaire. Notre langage est le témoin de cette proximité. Si les noms d'animaux les montrent parfois à leur avantage, certains véhiculent cependant une sournoise réputation. Punaise, que c'est triste d'avoir la cafard, mais que c'est chouette de rire comme une baleine ! L'origine de ces comparaisons peut sembler bien mystérieuse... Christian Voltz a trouvé celles qui convenaient à son récit parmi un choix extraordinairement vaste, égratignant au passage un monde du travail injuste et abrutissant. Ce n'est certainement pas par hasard que les références à l'espèce canine, au nombre de sept, l'emportent ici largement. Ni que le cadre vide accroché au mur à la première page s'orne à la fin du portait d'un certain chien. Quel parfait compagnon, en effet, pour surmonter les épreuves de la vie, capable d'être à l'écoute et de réconforter les cœurs en peine !  Voici comment se noue une belle amitié, aussi solide que les inusables bouts de ferraille d'un auteur auquel profondeur critique et tendresse facétieuse ne font nullement défaut.

 

 

 

 

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26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 21:08

couv ne nous mangez pas

couv vegan is loveVegan is love - Avoir du cœur et agir

Ne nous mangez pas ! – Vivre en respectant les animaux

Ecrits et illustrés par Ruby Roth

Traduits de l’anglais (US) par Laure Gall

Aux éditions L’Age d’Homme, 2013

Prix : 16 euros chacun

A partir de 9 ans

 

Né au Etats-Unis  au milieu du XXème siècle, le véganisme est une forme de philosophie encore peu connue du grand public. Cependant, le terme a franchi les frontières et commence à se faire entendre hors de son pays d’origine.  La Vegan Society en donne cette définition : « Le véganisme est le mode de vie qui cherche à exclure, autant qu'il est possible et réalisable, toute forme d'exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s'habiller, ou pour tout autre but . » Cette radicalité peut surprendre, voire inquiéter, en tant que façon nouvelle de considérer des usages établis. Il entre donc totalement dans le propos des éditions L’Age d’homme, implantées en Suisse, qui se veulent « une ouverture sur le monde », d’en apporter une approche facile d’accès pour les plus jeunes, mais qui pourra aussi répondre à la curiosité des adultes, par la publication récente et simultanée de ces deux albums. L’un comme l’autre traitent, dans un paragraphe illustré par page, chacune des thématiques du véganisme et consacrent leur conclusion à des moyens d’agir en application des idées développées.

Comme tout questionnement sur les relations entre l’humain et l’animal, le véganisme mérite d’être connu. Il est ici mis à la portée des enfants par un texte simple et factuel, s’adressant à l’intellect comme à la sensibilité. L’auteur en a elle-même réalisé les illustrations qui reflètent, dans un style vivant et personnel, plein de fraîcheur, la sincérité de ses convictions. On s’attardera volontiers sur telle double page qui plonge le lecteur dans la contemplation d’un monde tourmenté ou, au contraire, d’une scène de totale sérénité. L’auteure, américaine, est immergée dans une culture réputée pour son esprit novateur et pragmatique. C’est sans doute ce qui lui donne une facilité certaine pour exposer avec beaucoup de clarté l’essentiel d’une éthique aux multiples applications. Elle annonce ainsi en préambule « Beaucoup de gens savent que partout dans le monde des animaux sont maltraités. Pourtant, ils préfèrent ne pas y penser. Etre vegan implique de nous préoccuper de la façon dont nos choix aident les animaux ou leur font du mal. Nous sommes libres de créer la paix ou la souffrance dans le monde. » Objectif ambitieux certes, mais sans doute extrêmement motivant pour qui saura y reconnaître des préoccupations personnelles ou un certain esprit de justice toujours présent depuis l’enfance.

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18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 20:36

couv chat yeux d'or

Écrit par Silvana de Mari

Traduit de l'italien par Jean-Luc Defromont

Aux éditions Bayard jeunesse, 2013

Collection Millezime

Prix : 12,90 euros

A partir de 10 ans

 

 

Affublée d'un prénom de princesse inter-galactique, de kilos superflus et de vêtements d'occasion, Leila a beaucoup de mal à trouver sa place au collège où elle vient de faire sa rentrée. Dans son ancienne école, tous les enfants étaient d'origine étrangère, et aussi pauvres qu'elle, élevée par une mère qui se tue à la tâche pour l'élever seule. Mais un jour, son regard croise celui d'un chat noir famélique encore plus misérable qu'elle. Leila décide de le secourir. Sa vie en sera complètement transformée. Les moqueries cessent, elle trouve des amis parmi les autres élèves, et recueille une drôle de petite chienne perdue par un vétérinaire qui s'y était beaucoup attaché. Elle continue de rendre visite à Myriam, son ancienne camarade de classe, d'origine éthiopienne, pour partager l'instruction qu'elle reçoit et dont la jeune fille est privée. Le chat noir veille sur Leila, présence bienveillante mais qu'elle seule semble percevoir. S'il vient en aide aux persécutés, comme elle ou des enfants juifs pendant la deuxième guerre mondiale , c'est qu'il fut victime d'une époque où de nombreuses jeunes femmes innocentes accusées de sorcellerie périrent suppliciées. Il répare les destins brisés comme celui de Myriam, organise des rencontres providentielles comme celle du vétérinaire et de Leila puis, lorsqu'il a joué son rôle, disparaît.

 

On doit reconnaître à Silvana de Mari un talent affirmé pour introduire avec humour et subtilité des sujets graves, parfois même tragiques, comme la mutilation sexuelle que subit la toute jeune Myriam. Elle se plaît à construire des personnages dont les bons côtés finissent par se révéler sous des abords antipathiques, à découvrir le meilleur de chacun, même dans la violence que les déshérités ont pour seul repère. Cette démarche altruiste et positive n'est sans doute pas étrangère à l'attention qu'elle accorde aux animaux. Leila affronte avec courage la misère, qu'elle sait reconnaître et s'efforce de soulager : celle de son amie éthiopienne, celle d'un chat affamé, celle d'un chiot perdu. En retour, l'amour et la reconnaissance des animaux adoucissent sa vie et celle de ses amis. Fabuleuse, la petite chienne qui porte bien son nom, est la seule à ne pas se laisser duper par l'agressivité avec laquelle Myriam tente de cacher sa détresse. Et ce n'est pas la distinction de sa race qui fait sa valeur aux yeux de Leila, car elle pense que personne ne viendra réclamer ce drôle de bâtard au corps trapu et aux oreilles démesurées (en fait, un pur basset hound). Alors, même si on sent venir le loin la fin prévisible de ce roman et l'arrivée d'un nouveau « papa » dans la vie de la petite fille, on s'attache avant tout à la générosité candide qui donne toute sa force à sa jeune héroïne. Elle rappellera sans doute aux lecteurs de Silvana de Mari le protagoniste essentiel d' autre de ses livres, l'excellent Dernier Elfe.

 

 

 

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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 15:26

couv Milton 

Dessin et scénario de Haydé

Aux éditions La Joie de Lire, 2010

Prix : 9,80 euros

A parti de 6 ans

 

Dans son élégant costume noir et blanc, Milton le chat somnole sur son caillou tout chaud. C'est les vacances ; le félin hédoniste savoure son bonheur. Mais les meilleures choses ayant une fin, il faut se résoudre au départ. Hélas, de retour à la maison, impossible de vaincre la nostalgie qui vous submerge lorsque vous avez connu le charme puissant d'une source claire coulant dans un paysage bucolique. Alors, Milton part à sa recherche, loin, trop loin pour retrouver son chemin. De péripéties en déconvenues, le voilà perdu. De source, point, mais une multitude de rencontres inattendues : chat accueillant, insectes vrombissants, chiens véloces, doux renardeaux, furieuse renarde, croassant corbeau... Que d'émotions ! De plus, voilà que la faim se fait sentir. Le système D s'avère plus probant que la chasse, mais il a ses limites. Heureusement pour Milton, les moyens impressionnants déployés par sa famille pour le retrouver finissent par aboutir. Faute d'une source fraîche il saura désormais apprécier à sa juste valeur la chaleur de son foyer.

 

Après s'être fait un nom dans une série d'albums attachants, Milton se faufile avec agilité dans les cases d'une bande dessinée. Dans sa svelte silhouette et ses mimiques expressives, on reconnaît le coup de crayon d'une experte en comportement félin. Ses commentaires apparaissent dans le texte en « voix off », nous faisant partager « de l'intérieur » les impressions de son héros. Pendant que le chat tient la vedette, on ne voit de ses humains que les indices de leur recherche désespérée. Il compte pour eux, le doute n'est pas permis ! Milton fait partie de leur vie, et la réciproque est également vraie. Cette bande dessinée malicieuse consacre la richesse des relations entre humains et félins domestiques, savant mélange d'indépendance, de douceur, de spontanéité, d'inquiétude et de sérénité.

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 20:20

couv planete animaux

Écrit et illustré par Mathis

Aux éditions Sarbacane, 2012

Prix : 13,50

A partir de 7 ans

 

Sur la planète des animaux, rien ne va plus. Les animaux ont pris la place des humains, et leur mènent la vie dure. Enfin pas plus que celle que les humains mènent d'habitude aux animaux. Donc, pourquoi s'offusquer de voir un humain pendu à un hameçon ou enfermé dans un zoo, découpé en tranche dans une assiette (sans le gras), se rongeant une jambe pour échapper à un piège, et dans bien d'autres situations saisies « sur le vif » et sans complaisance ? On comprend vite que l'apparente cruauté dont fait preuve Mathis n'est rien d'autre que l'expression exacerbée d'une empathie qui ne s'arrête pas aux frontières du genre humain. Il la montre non au moyen d'un récit illustré, mais en donnant à voir une série de scènes de genre modernes dont les protagonistes échangent des répliques qui font mouche (au sens pas propre : scène trois).

 

Par un procédé éprouvé, dont l'exemple le plus fameux dans la littérature et au cinéma est sans doute La planète des singes (on aura saisi l'allusion...), Mathis tend à ses semblables un miroir glacial où se reflète l'image de leurs comportements envers des êtres sensibles d'autres espèces. Car sensibles, il le sont assurément. Comment le nier sans se départir d'une part essentielle de son humanité ? Faut-il la bousculer, cette part, afin qu'elle se révèle, sans hésiter à déranger, à choquer, à susciter des exclamations d'indignation ou de dégoût rivalisant avec le rire acide déclenché par des dessins provocateurs ? Impossible d'évacuer un certain malaise par l'usuelle réplique « Mais enfin, ce ne sont que des animaux ! » Comme ses jeunes lecteurs, l'auteur a le génie de poser, en toute ingénuité, des questions agaçantes, auxquelles des réponses toute faites ne suffisent pas. Cela ne l'empêche pas de considérer les enfants avec le même regard critique que leurs aînés, comme le montre l'illustration de couverture. Il faut bien appeler un chat un chat, même lorsqu'il s'enfuit sur ses deux petites pattes, terrifié par des garnements aux oreilles pointues, armés de lance-pierre.

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