Écrit et illustré par Ronan Badel
Aux éditions Sarbacane, 2013
Prix : 14,90 euros
A partir de 6 ans
Passer son temps, seule, à regarder la météo à la télévision, telle est la principale distraction de Rosalie, depuis la mort de son mari. Mais voici que son quotidien s'illumine soudain avec l'arrivée de Kiki, un chiot offert par son fils. Kiki et Rosalie rient ensemble, se promènent ensemble, se régalent ensemble. Mais Kiki prend des kilos et les voisins s'en offusquent. Un dernière bêtise, et la police intervient. Le gros animal se retrouve à la fourrière, avant d'être fort heureusement adopté par une famille avec maison, jardin et copains chiens. Rosalie, elle, part en maison de retraite. Malgré des conditions de vie correctes, chacun se languit de l'autre. Cependant, il y a encore des râleurs dans les parages de la nouvelle famille de Kiki. Elle décide donc de déménager afin d'élire domicile à proximité de voisins aux oreilles trop âgées pour percevoir bruits et aboiements. C'est ainsi que Rosalie et Kiki se retrouvent, après cette longue et triste séparation. Alors, tous les pensionnaires de la maison de retraite sont gagnés par leur joie de vivre et se mettent à rire eux aussi en compagnie des amis canins de Kiki.
Attendrissant, hilarant, intelligent, convaincant, cet album est une totale réussite du très doué Ronan Badel. Bien que les sujets de la solitude des personnes âgées, de l'intolérance et de l'égoïsme n'incitent par à sourire, ils sont traités avec un humour capable de susciter l'intérêt des enfants . Il ne leur échappera pas que l'amour des animaux est une puissante raison de vivre pour qui souffre d'isolement et d'ennui, comme cela arrive souvent à l'âge de la retraite et du veuvage. Les scènes de rigolade et les embrassades entre le gros chien et la vieille dame sont irrésistibles de drôlerie. Quand le crayon se fait caustique pour égratigner les mines grincheuses des voisins acharnés à détruire leur bonheur, il trace en revanche avec douceur le décor mélancolique qui environne les amis séparés. En lisant « Rosalie aime Kiki et Kiki aime Rosalie, et ils se moquent bien de ce que peuvent penser les autres », on approuve cette généreuse déclaration, mais elle est bien vite rattrapée par l'impitoyable réalité. Les autres ont le pouvoir de leur nuire. Finalement, on ne peut que se réjouir de leurs improbables et providentielles retrouvailles.